Je modifie cet article quelques temps après l’avoir publié pour la première fois, car je pense que le message que je souhaitai faire passer n’était pas assez explicite, et qu’il ne servait pas assez bien le point de vue du cheval.

Dans mon cheminement, j’ai longtemps été assez extrémiste dans le bien être du cheval : j’ai très rapidement fait le choix de côtoyer des chevaux vivant en troupeau au pré toute l’année. Mes chevaux sont pieds nus (c’est-à-dire qu’il ne sont pas ferrés), je suis une adepte de la monte à cheval sans utiliser de mors … pour ne citer que les plus grandes caractéristique du type de cavalier « j’aime le cheval au naturel ». Alors, lorsque j’ai étudié l’éthologie du cheval, j’ai trouvé plein de parallèles qui justifiaient mon point de vue, le fait que « j’avais raison ». C’est sur qu’en étudiant le mode de vie et les comportements des chevaux dans leur milieu naturel, je n’allais pas leur trouver de boxes, ni de fers, ni de mors. C’est aussi évident que leur métabolisme, leur corps, leur comportements, sont intrinsèquement lié à ce mode de vie naturel, puisqu’en terme d’échelle le cheval à été domestiqué pour la première fois il y a 15.000 ans, hors on retrouve les premières traces de son évolution il y a 57.000 ans. Ces questions autour de l’éthologie du cheval sont cruciales, car prendre en compte la phylogenèse du cheval permet de mettre de belles fondations sur la compréhension du monde du cheval. Une fois ces informations intellectualisées, on peut ensuite s’en servir dans son quotidien au travers de l’observation des comportements du cheval, ce qui nous renseigne sur l’expérience que vit le cheval la maintenant tout de suite, de son point de vue : on peut commencer à construire une relation gagnant/gagnant, pour les humains et les chevaux.

Si je m’arrête là, alors je reste dans un jugement, car je pense que tout les chevaux qui ne sont pas au pré en troupeau tout le temps sont malheureux, et je fais une généralité. J’avais des questions sans réponses, qui venaient me titiller : j’ai vu des chevaux attendre devant la porte de leur paddock parce qu’il pleuvait, attendant qu’on les rentre au box, j’ai vu des chevaux pour qui la transition au pied nu était très douloureuse voir impossible, j’ai vu des chevaux avec une relation positive à l’homme ayant un mors. Et à la fois, j’ai en tête les chevaux en stalle attachés toute la journée, même pas dessellés, où le cheval n’est pas considéré comme un être vivant et c’est cela qui est intolérable. Peut-être que tout est une question d’équilibre, et Christine Agassi en parle magnifiquement bien dans son interview pour l’Institut Français d’Hippologie. Je la remercie pour cette source d’inspiration et pour le contenu plus qu’enrichissant dont je vous recommande de visionner.

J’en suis venue à avoir cette réflexion en visionnant une vidéo de médiation équine, ou l’équidé rentre dans l’hôpital. Je m’attendais a voir un cheval sans vie et j’ai été surprise que non, ça n’était pas si flagrant. Et c’est ce décalage entre mes attentes et ce que j’ai vu qui m’a fait tilt : je jugeais sans savoir, basé sur mon système de croyances sans laisser un autre option possible, et c’est bien ce comportement là que je remet en cause aujourd’hui, car la question du bien être est infiniment complexe, et c’est le cheval seul qui possède la réponse.

Faire rentrer un cheval dans un hôpital est vraiment très très éloigné du mode de vie du cheval, et demande des apprentissages considérables. Trop ? J’aurais répondu oui, mais peut-être qu’il existe un cheval dont c’est la voie, pour qui tout cela est possible, je ne sais pas. Ce n’est pas une vidéo qui me permettra d’avoir la réponse. Et j’ai choisi dans la refonte de mon article de moins parler de cet exemple pour lequel j’ai été enthousiaste, et qui me questionne encore. En effet c’est un cas rare et extrême qui m’a permis d’avancer d’un cran dans ma réflexion personnelle mais qui je pense ne sert pas le point de vue du cheval.

Je prendrai plaisir à répondre à vos interrogations, j’espère avoir éveillé votre curiosité !